La grande démission : une réalité en France ?
Après les nombreuses phases de confinement amenant les collaborateurs à prendre du recul sur leurs fonctions et donnant lieu au gel de certains emplois, le phénomène de la grande démission s’est développé. Aux États-Unis notamment, 4,3 millions de personnes ont quitté leurs emplois au mois d’août 2021. La crise sanitaire a eu pour effet de laisser le temps aux collaborateurs de réfléchir à leur épanouissement au travail ainsi qu’à leur motivation et conditions de travail. Ainsi, une fois que leur activité a pu reprendre, la démission s’est présentée à eux comme une réponse à leur insatisfaction. Ce phénomène sans précédent inquiète les économistes qui travaillent à savoir s'il faut s’attendre à voir ce phénomène s’étendre à d’autres continents.
La grande démission en quelques chiffres
22,5 millions de travailleurs américains ont donné leur démission depuis février 2021. Ce sont les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire (l'hôtellerie, la restauration et les services à la personne) qui en pâtissent le plus avec 40 % de démissions. Dans le secteur privé un record à plus de 3 % de démissions a également été enregistré, une première depuis les 2,8 % atteints en janvier 2001. Pour mesurer l’impact et anticiper l’amplitude du phénomène, le recul manque encore, mais il est primordial d’analyser le phénomène pour en comprendre les éventuelles retombées.
Décrypter la grande démission
Le gain de temps
Depuis le début de la crise sanitaire l’un des effets notoires a été le passage généralisé au télétravail puis au travail hybride pour certaines entreprises. Ainsi en évitant les transports pour se rendre sur leur lieu de travail les travailleurs ont observé un gain de temps dans leurs emplois du temps. Pour une autre grande partie des travailleurs le chômage partiel obligé dû à leur statut a généré beaucoup de réflexion quant à la durabilité et au confort de leur emploi. Sortis de leur routine les travailleurs ont pu prendre du recul sur leur situation. Pour beaucoup, la crise sanitaire a été interprétée comme un signe les poussant à reconsidérer leurs conditions de travail et ainsi à prendre leur décision en conséquence. Démissionner de leur fonction pour créer leur propre business ou trouver un emploi plus stable a donc pour beaucoup été la solution.
Des conditions de travail difficiles dans beaucoup de secteurs
La majeure partie des démissionnaires est issue des métiers les plus touchés par l’épidémie. Entre stress, incertitudes et conditions de travail difficiles, beaucoup ont ressenti le besoin de dire stop. Pour beaucoup il fallait marquer le coup et montrer le degré d’inquiétude et d’insatisfaction atteint par une action marquante. Démissionner a alors été pour beaucoup la manière d’affirmer leur ressenti. Les points suivants sont très souvent ressortis comme problématiques :
- Horaires compliqués,
- Salaires trop bas,
- Exposition permanente au virus,
- Manque de reconnaissance
Ce sont autant de points qui contribuent à la pénibilité de leur travail et à leur baisse d’intérêt. L'inflation qui représente 6,2 % sur l’année 2021 aux États-Unis pénalise également fortement les plus bas salaires, qui se retrouvent avec une perte de pouvoir d'achat.
Travail & bien-être : un rapport au travail différent
Aux États-Unis plusieurs facteurs impactent le niveau de stress
- Les bas salaires : 56 % en 2021 contre 49 % en 2019
- Le temps consacré au travail en augmentation de 20%
- Le manque de possibilités d’évolution estimé à 52 %
- Une charge de travail trop lourde estimée à 50 %
- L'absence de congés payés ou de congés maladie 50 %
- Les trajets quotidiens estimés trop longs à 50%
Une majorité de collaborateurs estiment que le manque d'implication des entreprises dans les décisions contribue au stress au travail qui est en augmentation significative depuis 2 ans. Plus de deux employés sur cinq affirment que les facteurs liés à la santé et à la sécurité (maladie ou conditions physique inquiétante) ont un impact sur leur niveau de stress au travail.
Ainsi près de trois employés sur cinq ont subi les effets négatifs du stress liés au travail au cours du dernier mois. Les effets du stress les plus notables étaient un manque d'intérêt, de motivation ou d'énergie (26 %), des difficultés à se concentrer (21 %) et un manque d'effort au travail (19 %)
Le secteur a, lui aussi, eu un impact sur le niveau de stress des collaborateurs et sur leurs motivations. Les collaborateurs ayant un travail manuel ou au service de la clientèle, dans la vente, la restauration ou le divertissement ont été plus fortement touché par la crise sanitaire. Ils ont plus ressenti les effets du stress (à 58%) dû à leur fonction et à leur situation.
Le télétravail aux États-Unis
69 % des collaborateurs américains travaillaient à distance au plus fort de la pandémie. 5,7 millions d'employés (4,1 % de la main-d'œuvre salariée américaine) télétravaillaient à mi-temps ou plus avant la pandémie. Le télétravail régulier a ainsi augmenté de 216 % depuis 2005, soit plus de 11 fois plus vite que le reste de la population active (qui a augmenté de 20 %) et 54 fois plus vite que la population des travailleurs indépendants (qui a augmenté de 4 %). Depuis la crise ce sont 62% des travailleurs qui disent qu'ils pourraient travailler à distance. Cependant, avant la pandémie, la majorité des enquêtes sur l'utilisation des espaces de bureau montraient que les collaborateurs n'étaient déjà pas à 100% en présentiel à leur bureau. Ils étaient déjà mobiles à environ 40%.
Le home office est néanmoins devenu une nouvelle réalité, offrant des perspectives intéressantes aux actifs à travers tout le pays. Des salariés qui souhaitent changer de travail pourront ainsi postuler à des emplois en télétravail à 100 %, même s'ils n'habitent pas dans une grande ville.
La grande démission et la France : à quoi faut-il s’attendre ?
État des lieux : des chiffres plutôt encourageants pour la France
La pandémie bien qu’elle soit une épreuve pour tout le monde a néanmoins aussi eu un effet favorable sur certains aspects. En effet, la perception des collaborateurs de leur entreprise a évolué et d’autres notions sont venues la compléter. Notamment, l'étude du cabinet Bloom at Work met en évidence l’augmentation de la satisfaction des collaborateurs à 80 % par rapport à la communication en interne de leur entreprise. Ils reconnaissent aussi une meilleure considération de leur bien-être de la part des employeurs en comparaison avec l’avant pandémie. L'explication se trouve certainement dans l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle ou 74 % des collaborateurs pensent que leurs entreprises leur ont offert la chance de concilier les deux, contre 51 % avant la crise.
Des conditions de travail différentes
En France, la démission n’est pas un sujet aussi brulant ni généralisé qu’il ne l’est actuellement de l’autre côté de l’océan. Cette crise touche les secteurs les plus exposés à l'épidémie. Le domaine de l'hôtellerie et de la restauration a notamment connu un pic de démissions plus important au début de l'été 2021 qu'à l'accoutumée et les difficultés de recrutement se font sentir. Une certaine ambivalence est à noter du côté des actifs qui travaillent dans les hôtels et les restaurants. La charge de travail a été moins intense, voire inexistante, pendant plusieurs mois, mais cela a aussi créé une plus grande instabilité et de l'insécurité.
Dans la santé, l'enseignement et le commerce, un secteur très exposé à la Covid-19, la remise en question est également générale. Les salariés ont la sensation d'avoir porté le pays à bout de bras pendant de longs mois, dans des conditions de travail difficiles, sans pour autant récolter le fruit de leurs efforts. Un ressenti assez similaire dans l'univers Banque & Assurance : les employés déplorent ici l'isolement et le manque d'humain, qui est pourtant central dans leur métier.
Travail & bien-être : on tend vers un meilleur rapport
L’écoute des collaborateurs est primordiale pour leur bon épanouissement au travail. Le bien-être est désormais une notion clé dans le monde professionnel. Et cette qualité de vie au travail passe par de nombreux aspects. Premièrement, la prise de feedback est essentielle pour connaître le ressenti des collaborateurs et pour s'adapter en permanence à leurs besoins. La confiance est par ailleurs un moteur, au sein d'une équipe, et elle peut être prouvée par une plus grande flexibilité dans les horaires, par exemple ou par l’attribution de nouvelles responsabilités. L’attente des collaborateurs est aussi aujourd’hui de pouvoir accorder plus de temps à leur vie privée. Les entreprises se doivent donc d’être à l’écoute de ce besoin et de tout mettre en œuvre pour qu'un meilleur équilibre soit possible. Le télétravail permet d’accéder à cette flexibilité. D’autres solutions et avantages sont aussi proposés avec par exemple les chèques vacances ou les titres restaurants. L'entente entre les collaborateurs est enfin un indicateur intéressant du climat social. Pour l'améliorer, des événements de team building pourront être proposés régulièrement.
Grâce à leurs nombreuses différences sur le secteur de l’emploi, le phénomène Américain ne semble pour le moment pas s’étendre trop massivement à la France pour l'instant. Les signes de désintérêt soudains pour certains secteurs tout comme les manifestations d’un mal-être général au travail sont toutefois à surveiller en prévention. Garantir une bonne expérience collaborateur de l’onboarding à l’offboarding représente néanmoins une bonne manière de préserver votre entreprise de tout risque. L’expérience collaborateur est donc au cœur des enjeux de cette année 2022 dans un contexte de fortes tensions sur le marché du travail.
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